S’attaquer aux causes profondes des inégalités

31 mai 2019

L’année 2019 est celle de l’action résolue contre les inégalités. La version préliminaire du rapport 2019 du Secrétaire général de l’ONU sur les progrès dans la réalisation des objectifs de développement durable tire la sonnette d’alarme : les mesures prises à l’échelle mondiale ne sont pas suffisamment ambitieuses pour permettre d’atteindre les cibles relatives aux inégalités, malgré les avancées accomplies par certains pays. Il ressort de ce rapport que les populations et les pays les plus vulnérables continuent de souffrir de manière disproportionnée. À ce rythme, le monde n’aura pas éradiqué la pauvreté extrême en 2030.
 

Qu’est-ce qui a été fait jusqu’ici ?

Toute une série d’initiatives luttent contre les inégalités et les séquelles de la discrimination, par le biais de systèmes de protection sociale ou par l’innovation dans les systèmes de surveillance de la vulnérabilité.

Au Laos, les autorités assurent la prestation de services aux populations les plus marginalisées, sans distinction d’appartenance ethnique ou de langue, en mettant l’accent sur la réduction de la pauvreté dans les zones reculées et démunies. Elles ont mis en place un système de surveillance de la pauvreté et une commission nationale pour les personnes handicapées et les personnes âgées.

Dans son douzième plan quinquennal, le Bhoutan a recensé 14 groupes vulnérables au moyen d’une évaluation ciblée de la vulnérabilité. Les autorités procèdent par ailleurs à l’élaboration d’une politique nationale du handicap et d’une politique nationale de l’égalité des genres.

Dans le nord du Nigéria, plus de 23 % des ménages des zones sous l’emprise de Boko Haram sont dirigés par des femmes. Le défi consiste à permettre à ces femmes, ainsi qu’aux personnes les plus vulnérables, de participer à la prise de décisions face à la crise. Le programme d’action consistant à « ne laisser personne de côté » suppose également d’œuvrer à la création d’un climat de confiance entre l’armée, la police et les communautés.

Au Botswana et au Bangladesh, la plateforme citoyenne au service des ODD a œuvré à la traduction du principe « ne laisser personne de côté » dans le contexte propre des localités, grâce à des dialogues éclairés par des données factuelles et à la mobilisation sociale.

L’accroissement des inégalités n’est pas un phénomène naturel ou inéluctable. C’est la résultante de politiques, de lois, d’institutions, de normes et pratiques socioculturelles, d’insuffisances de gouvernance et d’une répartition inégale de la richesse et du pouvoir.

Les inégalités poussent les sociétés aux extrêmes, ce qui compromet sérieusement la paix, la sécurité et les contrats sociaux des nations. Mais nous pouvons agir et inverser la tendance ! 

 

Quatre façons de lutter contre les inégalités

Premièrement, nous ne serons pas en mesure d’inverser la courbe des inégalités si nous n’investissons pas expressément une part importante de nos ressources, ponctionnée notamment sur les budgets nationaux, dans les personnes marginalisées, dont les femmes, les jeunes, les groupes autochtones, les personnes handicapées, les personnes âgées, etc. L'essentiel est de ne pas les considérer comme de simples bénéficiaires, mais comme des agents du changement au sein de leurs communautés.

Deuxièmement, la plupart des experts, de différents domaines et organisations, reconnaissent la place centrale, voire la primauté, de l’ODD 10 dans le Programme de développement durable à l’horizon 2030. Seules des solutions intégrées exerceront une force gravitationnelle sur les inégalités. L’investissement dans des solutions fondées sur la nature a un impact profond sur plusieurs ODD, notamment ceux liés à l’alimentation, à la santé, au climat, à l’énergie et à la biodiversité, surtout en ce qui concerne les femmes et les jeunes. Nous devons recenser ces solutions et y investir.   

Troisièmement, les villes, siège des plus grandes inégalités mais aussi source d’opportunités, ont un rôle crucial à jouer. Des politiques optimales visant à gommer les inégalités doivent pouvoir s’appliquer aux échelons infranational et local.

Quatrièmement, la structure même de nos modes de production constitue un élément dissuasif fondamental dans la lutte que nous menons contre les inégalités, la part du travail diminuant progressivement par rapport à celle du capital. La quatrième révolution industrielle et la montée en puissance de l’intelligence artificielle pourraient davantage creuser les inégalités. Une gouvernance mondiale est nécessaire pour aider à atténuer ces risques potentiels.

Pour maintenir la dynamique déjà enclenchée, nous mènerons des discussions sur les inégalités avec les États membres des Nations Unies lors du prochain Forum politique de haut niveau qui se tiendra en juillet. Cette question occupera à nouveau le devant de la scène lors du 45e Sommet du G7, prévu en août à Biarritz, en France.  Le PNUD publiera le Rapport sur le développement humain consacré aux inégalités plus tard dans l’année. La 74e session de l’Assemblée générale des Nations Unies devrait être un moment historique pour renforcer notre détermination à ne laisser personne de côté.