À l’écoute des voix LGBTI dans les Caraïbes

25 juin 2020

 

Une gouvernance inclusive permet aux citoyens de se faire entendre, favorise la participation politique et, en retour, renforce le lien entre gouvernement et la société civile.

Dans une société, le respect pour la diversité, les droits de l’homme et l’égalité devant la loi découlent de cette même liberté de questionner et débattre les questions sociétales afin d’améliorer les politiques.

Trop souvent néanmoins, les voix des plus vulnérables ne sont pas entendues. Chaque année, la Journée internationale contre l'homophobie, la transphobie et la biphobie le 17 mai ou le Mois de la Fierté nous rappellent que les voix de la communauté LGBTI sont souvent inaudibles sous couvert de l'indifférence, de la stigmatisation et de la discrimination.

À travers les Caraïbes, un mouvement de jeunes LGBTI exprime ses réalités quotidiennes via les médias sociaux. En Haïti, ils revendiquent leur droit de fonder une famille. En Jamaïque, ils expriment leurs préoccupations quant à la manière dont les inégalités, la violence et la discrimination les privent de réaliser leur plein potentiel, tandis qu'en République dominicaine, ils parlent de leurs aspirations à un marché du travail plus inclusif pour les personnes trans. Le projet Être LGBTI dans les Caraïbes a lancé en juin 2019 sa campagne « Fier d’être Antillais » (lien en anglais), qui a jusqu’ici atteint plus de 70 000 personnes sur les réseaux sociaux. L'initiative vise à inciter à l’optimisme à travers les messages de 23 représentants de la communauté LGBTI qui partagent leurs expériences en français, anglais, espagnol et créole.

Les espaces artistiques contribuent à promouvoir l'empathie, l'inclusion et le respect des droits de l'homme. En République dominicaine, 20 personnes transgenres se servent du théâtre et monologuent sur le monde intérieur d'un personnage, révélant ses pensées, ses idées et ses émotions sans intermédiaires.

Cherchant à faire avancer des politiques publiques plus inclusives, Être LGBTI dans les Caraïbes organise une série de dialogues dans lesquels des militants LGBTI engagent leur gouvernement, le secteur privé, les chefs religieux et d’autres afin de discuter des questions qui les affectent le plus – que ce soit l'accès à la santé, à l'éducation, au travail décent ou à la justice (liens en espagnol). Les priorités et les besoins qui en émergent ont déjà été pris en compte dans le Plan national pour l'égalité des sexes 2020-2030, récemment approuvé en République dominicaine.

La crise globale résultant de la pandémie de COVID-19 affecte la communauté LGBTI à bien des égards. Les soins de santé, le traitement au VIH, l'abus de force par les forces de sécurité, ou l'importance de la reconnaissance juridique de l'identité de genre dans les cas où les mesures de quarantaine rendent obligatoire la mobilité en fonction du sexe enregistré dans les documents d'identité – dans le monde entier des personnes LGBTI ont souligné ces problèmes exacerbés par la pandémie. Il est fréquent que la discrimination et l’exclusion les empêche d’accéder aux mesures d’aide au confinement mises en œuvre par les gouvernements. Les jeunes personnes LGBTI, en outre, sont menacées de violence si elles sont confinées dans des ménages qui ne sont pas sûrs pour elles.

Face à cela nous faisons en sorte que les voix de la communauté LGBTI soient prises en compte à chaque étape de la réponse à la crise dans les Caraïbes. Nous soutenons les organisations de la société civile dans la conduite d'enquêtes sur l'impact de la pandémie, dont il ressort que l'auto-isolement, ou encore la distanciation sociale en lieu sûr, est un luxe que peu partagent. Il en ressort aussi une forte demande pour des conseils, des services d’assainissement, de quoi se nourrir et du soutien pour signaler les délits pendant cette période.

Si la réalité des personnes LGBTI est importante à tout moment, elle l’est encore plus lors d'une crise qui menace les plus vulnérables. Aujourd'hui plus que jamais, nous devons être à l’écoute des voix LGBTI pour empêcher toute violation des droits de l'homme et garantir que les mesures sanitaires face au coronavirus protègent les droits de tous. Ce n'est qu'alors que nous pourrons créer ensemble une nouvelle norme plus inclusive et égale qui ne laissera personne de côté.