Reconstruire 'vert' en Afrique

14 juillet 2020


La COVID-19 continue sa course à travers le continent africain, menaçant  des années de développement. Des milliers de personnes meurent et d'autres sont poussées dans la faim et la pauvreté.

Les chiffres sont stupéfiants : on compte au moins 400 000 cas confirmés et, selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS), l'épidémie s'accélère sur tout le continent.

À cela s'ajoutent les risques de faim et de pauvreté. Sur le continent, trois personnes sur quatre souffrent d'insécurité alimentaire. Plus de 320 millions de personnes n'ont pas accès à une eau potable gérée de manière sûre, et plus de la moitié de la population n'a accès à aucun système d'assainissement.

Mais des risques bien plus importants se profilent à l'horizon pour les populations africaines.

Si rien n'est fait, le changement climatique, la destruction de l'environnement, l'élévation du niveau des mers, les sécheresses, les inondations et d'autres risques environnementaux pourraient déclencher des migrations massives, aggraver les conflits et perturber, voire inverser, une décennie de croissance économique.

« Il est impératif que les plans de relance post-COVID-19 intègrent les impacts climatiques à court et long terme et débloquent des solutions technologiques et financières appropriées, pour une reprise économique solide et une meilleure résilience pour le bien-être des populations et des écosystèmes », a déclaré l'ambassadeur Seyni Nafo, coordinateur de l'Initiative d'adaptation en Afrique (IAA).

Bien que le soutien international soit nécessaire et qu'il soit programmé et reprogrammé dans l'ensemble du système des Nations unies - le PNUD dirigeant la reprise socio-économique mondiale - les efforts de reconstruction viendront principalement de l'ingéniosité africaine, de la résilience africaine, des institutions africaines et des dirigeants africains.

 

L'Afrique en première ligne

Les esprits africains se mobilisent pour créer des solutions. Un exemple notable est l'achat et le déploiement de robots anti épidémiques intelligents pour lutter contre COVID-19 au Rwanda. D'autres exemples comprennent l'utilisation de la technologie de la chaîne de blocs pour récompenser en ligne les efforts de réduction de COVID-19 en Afrique du Sud et une initiative 'solaire pour la santé'.

L'Afrique montre la voie à suivre aux niveaux politique et stratégique aussi. À la fin du mois dernier, 54 dirigeants africains ont approuvé une nouvelle recommandation politique présentée dans un dossier intitulé Réponses intégrées pour renforcer la résilience au climat et aux pandémies en Afrique (en anglais).

Les recommandations comprennent des mesures d'adaptation visant à garantir l'approvisionnement alimentaire des populations vulnérables et à renforcer la chaîne de valeur agricole, à accroître l'accès à l'eau et à l'assainissement parallèlement aux efforts visant à améliorer la gouvernance de l'eau, et la nécessité d'investir dans des infrastructures résistantes pour créer des emplois. Ces recommandations se traduisent par un triple dividende pour les pays africains : réduction du risque de pandémie, augmentation de la résilience au climat et renforcement de la reprise économique.

Selon la Banque mondiale, l'Afrique a besoin d'environ 100 milliards de dollars par an au cours de la prochaine décennie pour combler son déficit en infrastructures. Les pays à faible et moyen revenu pourraient, à eux seuls, tirer un bénéfice net de 4,2 billions de dollars de l'investissement dans des infrastructures qui privilégient la résilience axée sur l'avenir. Cela représente un rendement de 4 dollars pour chaque dollar dépensé. En revanche, un investissement dans des infrastructures qui ne sont pas optimisées pour la résilience ne rapporte que 1,5 dollar pour chaque dollar dépensé.

Le président gabonais Ali Bongo Ondimba s'est fait le champion de ce dossier, créé en partenariat avec la Commission mondiale sur l'adaptation (CMA) et l'Initiative pour l'adaptation en Afrique (IAA).

Lors des négociations sur le climat de l'année dernière, l'Union européenne a annoncé un soutien accru à l'IAA avec une subvention d'un million d'euros, administrée par le PNUD (en anglais). Grâce à ce capital d'amorçage, l'initiative sert désormais d'intermédiaire et de catalyseur pour réunir les principales parties prenantes afin de discuter et de mettre en œuvre des stratégies de développement durable en Afrique qui résistent au climat.

"L'impact du changement climatique sur notre monde s'accélère. Des actions ambitieuses et coordonnées sont nécessaires pour faire face à cette menace mondiale. L'UE place les critères de durabilité au centre de ses politiques de relance, tant au niveau national qu'international. Le continent africain dispose d'un énorme potentiel pour s'adapter et renforcer ses efforts en vue d'un développement futur résistant au climat, et l'UE est fière de soutenir cette entreprise", a déclaré Alessandra Sgobbi, responsable politique à la Commission européenne - DG Clima.

 

La perspective globale

La communauté internationale s'est empressée d'aider les pays africains à répondre à la crise COVID-19 en annonçant jusqu'à présent plus de 50 milliards de dollars. C'est un bon début, mais ce n'est qu'une partie des fonds nécessaires pour assurer la pérennité des investissements et renforcer la résilience à long terme.

Les institutions africaines, telles que l'IAA, s'efforcent de combler ce manque. Avec le soutien du système des Nations Unies, des donateurs et des dirigeants mondiaux, elles plaident en faveur d'un avenir résilient et montrent la voie à suivre.