Durabilité et mode ne sont pas incompatibles

Notre ambassadrice de bonne volonté Michelle Yeoh partage ses préoccupations à propos de la mode rapide.

21 février 2020

 

L’effervescence autour de la Fashion Week à New York me donne la nostalgie des jours où acheter une tenue était envisagé avec le plus grand soin… Aujourd’hui, la mode est devenue plus abordable et nous accumulons les vêtements. Mais voilà : le coût réel de cette tendance est bien plus élevé et néfaste que nous ne l’imaginons.

Produire plus de vêtements nécessite de cultiver plus de coton ou d’élever plus de bétail pour la laine, le cachemire et le cuir. Les produits chimiques utilisés dans les colorants et le traitement de nos vêtements polluent les rivières et nuisent aux écosystèmes et à notre santé. Ensuite, bien que la mode soit une industrie de plusieurs milliards de dollars, sa main d’œuvre est souvent confrontée à des salaires de misère et à des conditions de travail dangereuses. Et enfin, le gaspillage que produit la mode rapide déverse des millions de tonnes de rebuts dans les décharges chaque année.

Cela n’a pas toujours été ainsi. Ce n'est qu'au cours des 30 dernières années que l’accent a été mis sur la quantité au détriment de la qualité et de l’environnement. Cela me rassure : nous pouvons changer. Mais comment ?

Avant tout, vérifions les étiquettes. Il faut faire un peu de recherche avant d'acheter. De la même manière que nous évaluons la qualité ou la coupe d’un vêtement, il faut prendre en compte le matériau et la main-d'œuvre. Il s’agit de se sentir tout autant à l’aise dans ses vêtements que vis-à-vis de ceux-ci.

Partout dans le monde, nous commençons à exiger plus de la mode. Ces dernières années, des conditions de travail dangereuses dans les usines de la mode ont provoqué l'indignation : en tête, Fashion Revolution et sa campagne #WhoMadeMyClothes (qui a fabriqué mes vêtements) ?

Greta Thunberg a attiré l’attention sur l'urgence climatique, la fragilité de nos ressources naturelles et les dangers de la complaisance, exigeant une action concrète des dirigeants politiques et commerciaux du monde. En soutien, l'auteur Naomi Klein a suggéré : « Une nouvelle génération se positionne et veut porter des vêtements qui racontent une nouvelle histoire. Donnons-le-leur. "

Les marques commencent à répondre avec toute une panoplie d’engagements internationaux et de stratégies de responsabilité d'entreprise. En 2018, plus de 90 marques ont signé la Charte de l'industrie de la mode pour l'action pour le climat, s'engageant à diminuer leurs émissions de gaz à effet de serre de 30% d'ici 2030. En 2019, 32 compagnies représentant 150 marques ont signé le Fashion Pact comprenant des engagements sur le climat, la biodiversité et les océans. Le pacte reconnaît « que notre capital naturel est en danger » et qu'il faut remédier à cette situation pour jeter les bases d'une société prospère.

Une industrie de mode durable bénéficiera aux 17 Objectifs de développement durable (ODD), convenus par les dirigeants mondiaux comme le meilleur moyen de mettre un terme à la pauvreté et de protéger la planète d'ici 2030.

Mon travail avec le PNUD m’a permis d'en apprendre davantage sur des projets comme ceux-ci :

En Mongolie, où les effets du réchauffement climatique et du surpâturage contribuent à la dégrader les sols, le PNUD appuie une gestion des ressources naturelles tenant compte du climat et des méthodes d'élevage durables. La technologie Blockchain est en cours de test et pourrait aider les éleveurs à obtenir des profits plus élevés pour du cachemire de source durable.

Au Timor-Leste, où les violences ont perturbé une longue tradition de tissage, le PNUD aide les communautés à préserver ce patrimoine culturel tout en renforçant leurs compétences pour plus d’autonomie financière.

En Indonésie, dans le cadre du programme GEF GOLD (en anglais), le PNUD contribue à éliminer l’exposition au mercure des mineurs d'or artisanaux.

D’autres initiatives sont en cours, notamment via l'Alliance des Nations Unies pour une mode durable (en anglais), créée pour coordonner l’action des agences des Nations Unies, et garantir que l’industrie de la mode soit alignée sur les ODD.

Être un consommateur averti, c'est se poser des questions avant d'acheter. Et si vous n'obtenez pas les réponses que vous souhaitez d'un point de vue environnemental, social ou éthique, exigez mieux, cherchez des alternatives, ou réparez vos vêtements usagés. Laissez votre choix de mode être votre expression, votre voix et votre vote pour un avenir durable.

 

Par Michelle Yeoh

Ce blog a été publié originalement en anglais par Thomson Reuters Foundation .