Accord historique à la COP26 : 500 millions de dollars pour protéger la forêt de la République démocratique du Congo

2 novembre 2021

Grâce à ce nouveau partenariat pluriannuel, la RDC vise d'abord à plafonner la perte de couverture forestière à sa moyenne de 2014-2018 et à s'assurer que la déforestation continue de régresser.

PNUD RDC

Glasgow, 2 novembre 2021 - Le président Félix Tshisekedi de la République démocratique du Congo (RDC) et le premier ministre Boris Johnson du Royaume-Uni ont signé une déclaration commune au nom de l'Initiative pour la forêt de l’Afrique centrale (CAFI) confirmant un ambitieux accord décennal (2021-31) visant à protéger la forêt tropicale du bassin du Congo – la deuxième plus grande forêt du monde.

L'accord permettra de débloquer des investissements multi bailleurs sur le terrain totalisant 500 millions de dollars américains au cours des cinq premières années [1].

« Avec ses forêts, son eau et ses ressources minérales, la République démocratique du Congo est un véritable pays solution à la crise climatique. Pour protéger notre forêt et promouvoir sa gestion durable, notre priorité, dans le cadre de ce nouveau partenariat, est de renforcer la gouvernance et la transparence dans tous les secteurs d'utilisation des terres. Ce partenariat soutiendra également notre ambition de répondre au double défi de la sécurité alimentaire et du changement climatique par une agriculture durable, principalement dans les savanes », a déclaré le Président Tshisekedi.

Tous les secteurs de l'économie de la RDC se sont associés à cet accord historique pour entreprendre des actions susceptibles de modifier des pratiques d'utilisation des sols datant de plusieurs millénaires. Ces efforts concertés sont essentiels dans un pays de la taille de l'Europe occidentale, dont l'indice de développement humain est l'un des plus bas au monde et qui perd près d'un demi-million d'hectares de forêt chaque année.

Grâce à ce nouveau partenariat pluriannuel, la RDC vise d'abord à plafonner la perte de couverture forestière à sa moyenne de 2014-2018[2] et à s'assurer que la déforestation continue de régresser. Le partenariat favorisera également la régénération de 8 millions d'hectares de terres et de forêts dégradées, et placera 30 pour-cent des zones nationales sous un statut de protection, y compris les zones où les communautés locales entreprennent des efforts pour gérer durablement les forêts.

Lord Goldsmith, ministre britannique du Pacifique et de l'environnement, a déclaré : « Le Royaume-Uni est fier de signer aux côtés de la République démocratique du Congo cette ambitieuse lettre d'intention de l'Initiative pour la forêt de l’Afrique centrale pour dix ans. Il s'agit d'une étape cruciale dans nos efforts pour protéger et restaurer les précieuses forêts du pays, ainsi que pour fournir des moyens de subsistance durables et réduire la pauvreté ».

Exacerbée par une extrême pauvreté, la perte de forêts en RDC est principalement due à une population croissante qui n'a pas de moyens de subsistance en dehors de la forêt et qui dépend essentiellement du bois de chauffage pour cuisiner, tout cela en l'absence de planification de l'utilisation des sols. Toute solution proposée pour endiguer la perte de forêts en RDC doit donc se concentrer sur le développement rural, la réduction de la pauvreté et une meilleure sécurité alimentaire.

Le soutien de CAFI, qui s'élève à 500 millions de dollars sur les cinq premières années, fait plus que doubler les 190 millions de dollars fournis dans le cadre de la première lettre d'intention (2015-2020), dont les objectifs ont été atteints grâce à un portefeuille de vingt programmes qui ont soutenu des réformes à grande échelle dans les domaines de l'agriculture, de l'aménagement du territoire et du régime foncier, orienté les activités agricoles vers des dizaines de milliers d'hectares de savanes, et amélioré les moyens de subsistance de centaines de milliers de personnes.

L'annonce faite à la COP26 conclut des mois de discussions entre les bailleurs de fonds de CAFI et les ministres de la RDC, dans lesquelles la société civile nationale a été pleinement impliquée. Dans un communiqué, Guy Kajemba, coordonnateur national de l'organisation faîtière de la société civile Groupe de Travail Climat REDD+ Rénové a déclaré : « Nous nous félicitons de ce partenariat renouvelé. Il nous aidera à suivre de près les engagements pris, notamment les étapes qui mèneront à une levée responsable et progressive du moratoire, la publication des contrats dans tous les secteurs liés à l'utilisation des sols et l'engagement pris par le Président Tshisekedi d'annuler tous les contrats douteux de concessions forestières. Nous sommes particulièrement encouragés par la mobilisation de tous les secteurs engagés dans la protection de nos forêts de haute valeur et de nos tourbières ».

[1] La mobilisation de fonds supplémentaires après 2026 dépendra de la disponibilité des fonds et des évaluations indépendantes des résultats. Cette contribution sera complétée par un soutien bilatéral. Le financement prévu par la lettre d'intention fait partie (et n'est pas additionnel) de l'engagement régional pour le Bassin du Congo pris lors de la COP26.

[2] La lettre d'intention comprend un accord visant à réviser ce plafond tous les deux ans sur la base des données disponibles les plus récentes.

[3] Une planification ciblée de l'utilisation des sols au niveau national et/ou provincial pertinent, identifiant les zones prioritaires pour le développement du secteur forestier sur la base de critères écologiques, géographiques, économiques, sociaux et financiers et en tenant compte du changement climatique. Le soutien financier de ce processus sera entièrement assuré par le fonds CAFI.

[4] L'Allemagne, la Belgique, la France, la Norvège, les Pays-Bas. La Belgique a récemment rejoint le groupe des donateurs du CAFI.

[5] Cameroun, République centrafricaine, République démocratique du Congo, Gabon, Guinée équatoriale, République du Congo.

 

###

 

LES DOUZE OBJECTIFS CONCRETS DE LA LETTRE D’INTENTION CAFI-RD CONGO (2021-2031)

1.     Les forêts de haute valeur, les tourbières et les concessions forestières communautaires sont systématiquement intégrées dans les plans d'aménagement du territoire, dans le but de maintenir le rôle important qu'elles jouent.

2.     La proportion de combustible bois non durable (charbon de bois) pour la cuisine est réduite de moitié dans les principaux centres urbains d'ici 2030 (N.B : 97% des 13 millions d'habitants de Kinshasa utilisent quotidiennement du bois de chauffe pour cuisiner et consomment plus de 17 millions de tonnes de bois par an, principalement d'origine non durable).

3.     Aucune concession agro-industrielle ne sera attribuée dans les forêts de haute valeur et les tourbières.

4.     La transparence de la gouvernance des ressources naturelles est renforcée par l'examen juridique des concessions agricoles, forestières, minières et pétrolières existantes, l'annulation des concessions illégales, ainsi que la publication de tous les contrats (en lien avec l'Initiative pour la transparence dans les industries extractives).

5.     Des procédures d'attribution transparentes sont adoptées pour les concessions agricoles et forestières.

6.     La gouvernance forestière est améliorée grâce à un contrôle renforcé et à un objectif ambitieux de 5 millions d'hectares de foresterie communautaire, doublant l'objectif national initial, ainsi que par l'adoption d'un cadre juridique et réglementaire visant à protéger les droits des peuples autochtones. La signature du décret levant le moratoire ne sera adoptée qu'après la réalisation, sur la base d'un processus consultatif, de la programmation géographique[3] des futures allocations.

7.     Conformément à l'engagement mondial 30 x 30, la RDC s'engage à ce que 30% du pays soit sous diverses formes de statut de protection d'ici 2030, tout en respectant le droit au consentement préalable libre et éclairé et en veillant à ce que la voix des communautés marginalisées soit entendue. Cela inclut les zones que les communautés elles-mêmes consacrent à la protection par le biais d'un processus de zonage qu'elles dirigent au niveau local.

8.     Huit millions d'hectares de terres et de forêts dégradées seront restaurés, conformément à l'engagement pris par la RDC dans le cadre du défi mondial de Bonn sur la restauration des paysages dégradés et déboisés.

9.     La nouvelle loi et la politique innovante en matière de foncière sont adoptées d'ici fin 2022 et mises en œuvre, avec le déploiement d'un système d'information décentralisé qui comprend des registres de tenure au niveau communautaire.

10.  De nouvelles normes sociales et environnementales sont définies et adoptées pour réduire l'impact des investissements miniers et pétroliers sur les forêts et la biodiversité, avec des mesures renforcées dans les forêts de haute valeur et les tourbières. Toute activité incompatible avec les objectifs de conservation dans les zones protégées est interdite.

11.  Adoption d'ici 2030 d'une politique démographique nationale fondée sur les droits, sur des données factuelles et tenant compte de la dimension de genre, afin de promouvoir une transition démographique qui stimule la croissance économique et atteigne les objectifs de développement.

12.  Un modèle de zone économique spéciale favorable aux forêts est piloté pour soutenir une économie verte à faible déforestation, et tient compte des forêts de haute valeur, des tourbières et des processus d'aménagement du territoire.

 

###

 

Note aux rédacteurs

La forêt de la RDC représente 10 % des forêts tropicales du monde. Ses tourbières couvrent 100 000 km2 et sont les plus grandes du monde. Son écosystème offre un service d'absorption de carbone équivalent à dix ans d'émissions mondiales. Les nombreux engagements reflétés dans la nouvelle lettre d'intention démontrent le haut niveau de détermination de la RDC à s’engager dans une économie verte à faible déforestation.

Soutenue par des pays européens[4], la République de Corée et l'Union européenne, l'Initiative pour la forêt de l’Afrique centrale (CAFI) est un fonds fiduciaire des Nations Unies et une plateforme de dialogue politique qui vise à aider six pays d'Afrique centrale[5] à suivre une voie de développement à faibles émissions qui assure la croissance économique et la réduction de la pauvreté tout en protégeant les forêts et les ressources naturelles, dont les populations dépendent. CAFI combine ainsi des investissements et un dialogue politique de haut niveau pour aider ses six pays partenaires à mettre en œuvre l'Accord de Paris de 2015 sur le changement climatique, à lutter contre la pauvreté et à se développer durablement tout en s'alignant sur le cadre de la biodiversité post-2020.

La forêt tropicale humide de l’Afrique centrale est sous pression. Si les tendances et les causes varient largement selon les contextes nationaux, la perte de forêt représente plus de six millions d'hectares de forêt tropicale primaire depuis 2001, soit l'équivalent d'environ six millions de terrains de rugby.

Abritant plus de 10 000 espèces végétales et animales, dont beaucoup sont endémiques, la forêt tropicale de l’Afrique centrale est une source indispensable de nourriture, d'énergie, d'abri et de spiritualité dans des pays dont les indices de développement humain sont parmi les plus bas au monde et qui comptent le plus grand nombre de personnes ayant un besoin urgent d'aide en matière de sécurité alimentaire.

Le bassin du Congo est l'une des dernières régions du monde à absorber plus de carbone qu'elle n'en émet. Sa forêt, la deuxième plus grande du monde, absorbe chaque année près de 1,5 milliard de tonnes de CO2 de l'atmosphère, soit 4 % des émissions mondiales.

Site web : www.cafi.org Twitter : @CAFISecretariat

 

Renseignements pour les médias sur l’initiative CAFI

Programme des Nations Unies pour le développement | Sarah Bel, spécialiste de la communication | +41 79 934 11 17 | Sarah.Bel@undp.org  

CAFI | Estelle Fach, Secrétariat de l'Initiative pour les forêts d'Afrique centrale | estelle.fach@undp.org