PDL 145 Territoires : les défis d’accessibilité sur les sites au Sankuru

Développement local

10 septembre 2023
Véhicule en panne

Les routes d'accès aux sites de construction d'infrastructures sociales sont impraticables

Marc-Ngwanza/ PNUD-RDC

Il faut compter avec les éléments de la nature pour atteindre les sites où s’exécutent les travaux de construction des infrastructures dans le cadre du PDL 145 territoires au Sankuru. Le constat est le même dans plusieurs provinces enclavées où les routes sont réduites en des pistes.
 

Diego Nzinga, la quarantaine révolue, est partie de Kinshasa pour convoyer un camion à Lodja. Il y est installé depuis bientôt trois ans mais il compte regagner Kinshasa à la fin de son contrat. Du haut de son mètre soixante ? Diego est plutôt frêle. On ne croirait pas que c’est lui qui est aux commandes de ce gros engins qui vient de décharger plus de 400 sacs de ciment sur le site Fin de Terme où se construit une école primaire, à l’entrée de cité de Lodja en venant de Bena Dibele. Il a encore deux livraisons à effectuer notamment au Lycée Sacré Cœur et sur le site du centre de santé Shapembe dans la périphérie de Lodja. Il devra attendre car il a connu une crevaison dans la cité de Lodja… Il doit changer de chambre à air…qui a explosé. Il doit compter avec la force de bras de son équipe pour démonter le pneu et extraire la chambre à air… 
 

PDL-145 T

Les routes d'accès aux sites de construction d'infrastructures sociales sont impraticables

Marc-Ngwanza/ PNUD-RDC

Avec sa voix ferme, il sait imposer l’ordre et l’obéissance à son équipage. Il est perspicace et aborde les réalités de Sankuru avec froideur.  Avec son camion Mercedes, il convoie les matériaux de la société CMK pour le compte du PDL 145 Territoires entre le port de Bena Dibele et Lodja sur les sites de construction. Sur ce trajet de 150 Km, il nous a fallu 22 heures pour le parcourir sur des Toyota 4 x 4, le trajet devient un parcours du combattant pour des gros véhicules de transport. 
 

Diego explique les difficultés qu’il rencontre sur la route : « Ici les routes sont à l’état où nos grands-pères les ont laissées. Il n’y a aucun changement. Pour parcourir 150 Km qui sépare Lodja du port de Bena Dibele, j’ai fait 4 jours. C’est un exploit parce que je n’ai pas connu des pannes en route et je n’ai pas croisé des véhicules en panne. Les routes sont étroites, les ponts ne sont en bon état, il n’est pas possible de faire un dépassement sur une bonne partie de cette route. Sur la route, tu as des trajets sablonneux et argileux. L’argile devient une patinoire pendant la saison de pluie. Tu dois choisir où poser ta roue pour éviter de terminer ta course dans le ravin. Avec le retour de la saison de pluie et si rien n’est fait, cette route vitale sera coupée » déclare Diego. Pour cet homme qui a parcouru les routes de Kongo Central et du Kwilu, il soutient qu’il n’y a pas de commune mesure. « Ceux qui mettent leurs véhicules sur cette route sont des patriotes. Les véhicules s’amortissent vite. Tu peux retrouver ton véhicule au fond d’un ravin pour son premier voyage. La perte est énorme », explique Diego.
 

PDL-145 T

Le mauvais état des routes impacte ce camion surchragé des matérieux de construction

Marc-Ngwanza/ PNUD-RDC

Il est chauffeur, mécanicien et parfois électricien… le chef d’équipe. Le gros danger sur cette route est une panne mécanique. « Quand un camion tombe en panne, c’est une fille qui se forme. Sur un trajet sablonneux, il faut, avec le concours de villageois, tracer une voie de secours dans la savane pour faire une déviation. Dans la forêt ou dans un creux… Il faut attendre qu’on dépanne le véhicule pour continuer son chemin. Nous sommes solidaires sur le chemin. Nous avons l’obligation de nous secourir mutuellement. Même en cas de crevaison, il faut compter sur la solidarité car pour gonfler le pneu, vous devez compter sur les bras avec des pompes manuelles. Dans les villages, il n’y a pas de compresseur… » avance Diego avec un sourire ironique.    
 

Le drame pour Diego est d’avoir une panne mécanique sur la route et la pièce de rechange n’est pas disponible à Lodja. « Nous n’avons que des batteries et des chambres à air disponibles sur place. Toutes les autres pièces, il faut les faire venir de Kinshasa ou Goma. Même pour les 4 X4, tu ne peux pas avoir un disque d’embrayage à Lodja. Il faut recourir à Kinshasa ou Goma…selon le vol des avions cargos pour avoir la pièce de rechange. Cette panne peut t’immobiliser parfois pendant deux semaines sur la route… ». Diego est formel, le PDL 145 T « est indispensable pour les enfants congolais dans le volet construction des infrastructures, il est salutaire pour les femmes, les jeunes filles et les hommes dans son volet des infrastructures sanitaires mais il doit aller de pair avec la réhabilitation des routes. » Pour ce routier qui a parcouru des milliers de Km sur les terrains souvent chaotiques, les routes précèdent les développement des provinces. 
 

PDL-145 T

C'est un parcours des combattants pour arriver à Lodja à livrer les équipements de construction à temps

Marc-Ngwanza/ PNUD-RDC