« C’est une force. Sois-en fière. »

Rencontrez une jeune femme qui défend les droits des personnes handicapées

ONU Développement
3 min readNov 4, 2019

Sara Minkara se considère comme privilégiée. Bien qu’elle ait perdu la vue à l’âge de 7 ans, elle a grandi dans une famille aimante et compréhensive. Elle a pu réaliser ses objectifs académiques et sociaux dans des écoles et des universités inclusives.

Mais, à chaque fois qu’elle s’éloignait de cet environnement bienveillant, notamment lors de ses vacances d’été au Liban, Sara était confrontée à une autre réalité sur le handicap.

Là-bas, elle ressentait de la honte, à être considérée avec pitié ou comme un fardeau pour la société.

Deux mondes différents

« J’ai découvert deux mondes différents et deux réalités de la vie d’une personne aveugle. À cette époque, j’ai détesté, vraiment détesté être aveugle, raconte Sara. Je pense que si j’avais continué à penser ainsi toute ma vie, je n’aurais pas réalisé un tiers de ce que j’ai fait aujourd’hui. »

Elle a alors cherché à changer ces attitudes négatives envers le milliard de personnes dans le monde qui vit avec une forme quelconque de handicap.

Sara a créé Empowerment Through Integration pour changer les regards et les idées sur l’invalidité. L’organisation aide les jeunes de pays comme le Liban à être plus autonomes et leur permet de s’insérer réellement dans la société.

« Nous n’en sommes pas encore au point où les personnes handicapées font partie du système dès le départ. Nous devons les inclure et faire entendre leur voix ».

L’histoire que nous choisissons de raconter

Pour Sara, tout est question de narration : les histoires que l’on raconte aux personnes en situation de handicap et celles qu’ils se racontent à eux-mêmes peuvent changer la façon dont ils atteignent leurs objectifs.

« J’aimerais que l’inclusion soit une valeur commune dans notre société, que nous la partagions tous. »

Sara a récemment organisé un événement, sponsorisé par le PNUD, au siège des Nations unies à New York. C’était un déjeuner avec une petite particularité : tous les participants mangeaient avec les yeux bandés. Personne n’avait le droit de parler de son métier car Sara les guidait à travers une série d’exercices conçus pour les aider à penser différemment à l’inclusion.

Le bandeau n’avait pas pour but de reproduire la sensation d’aveuglement mais de supprimer les indices visuels selon lesquels on se base souvent pour juger les autres.

« Comment faire en sorte que chacun puisse s’épanouir sans avoir peur du jugement et des répercussions? Comment s’assurer que toutes les voix sont entendues et commencer à changer les idées reçues qui nous entourent, y compris sur le handicap ? »

Un travail à la base

L’inclusion est au cœur des Objectifs de développement durable et Sara décrit son travail comme “un mouvement”, le but étant de changer le narratif à propos du handicap.

« Ce que nous faisons est énorme : nous sommes en train de changer la façon dont la société perçoit une grande partie de sa population, un milliard de personnes en fait. Je pense que ce changement doit se faire des deux côtés. C’est la société qui change le récit, mais ce sont aussi les personnes handicapées. Il ne faut pas avoir honte de son handicap. C’est une force. Soyez-en fiers. »

Sara affirme que son succès est principalement dû à l’environnement dans lequel elle a grandi : « ce n’est pas parce que j’avais plus de potentiel, c’est parce que j’avais le soutien de ma communauté, qui m’a permis d’exploiter mon propre potentiel. »

Photo: PNUD /Andrew Hein

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